6 juillet 2015

Une Couverture d’Evangéliaire


Par Andrew Gould pour Orthodox Arts Journal


L'idée de cette couverture d’Évangéliaire a commencé il y a plusieurs années. J’ai discuté avec Jonathan Pageau de la possibilité d'utiliser ses sculptures sur pierre sous forme d'icônes incrustées dans des œuvres liturgiques en bois. Il est capable de sculpter des plaques de stéatite assez mince pour que le poids soit raisonnable, même pour une couverture de livre.

J’ai basé les proportions de la couverture sur de « riche reliures » médiévales qui intègrent fréquemment une sculpture d'ivoire byzantine encadrée d’or et de pierres précieuses. Mais j’ai décidé d’orner les boiseries avec des incrustations utilisant différents bois précieux et de l'ivoire (récupéré sur un clavier d'orgue endommagés par l'eau).

La couverture de devant - incrustée de bois et d’ivoire avec l’icône sculptée en stéatite par Jonathan Pageau.
Évangéliaire médiévale incorporant une ivoire byzantine sculptée du 11e siècle.

L’incrustation et la marqueterie en bois nobles et autres matériaux est un sujet qui m’intéresse particulièrement dans l'art liturgique. C’était un style répandue de l'ornement liturgique au 17e siècle en Grèce et dans les autres pays méditerranéens. Beaucoup des plus beaux meubles au Mont Athos et d'autres vénérables églises sont complètement couverts d’un excellent travail de marqueterie. La marqueterie est également répandu dans les églises coptes en Égypte, et l’a été pendant plus de mille ans. Les anciennes églises d'Égypte ont des portes et iconostases magnifiquement ornées d'ivoire ou de nacre. L’incrustation est également traditionnelle sur les meubles raffinés américain et les instruments de musique, ce style de boiseries me frappe comme une enrichissante rencontre des orthodoxes et du patrimoine américain.

Trône du 17e siècle avec d‘importante incrustation, Patriarcat œcuménique, Istanbul.
Portes du 10e siècle au Monastère de Deir Al-Surian, Égypte.
Boîte à bijoux marquetée américaine du 17e siècle.

La couverture de l'Evangélaire fait un usage ample de bandes d’incrustations - bandes de placages tranchés à partir d'un assemblage de bois pour faire un motif répétitif. Ce matériau a été utilisé pendant des siècles dans le mobilier américain et est encore fabriqué dans de nombreux petits ateliers à l'échelle nationale. J’ai combiné l'incrustation de bandes avec des placages d'ébène, d’ivoire, et de bois de myrte déformé [burled myrtle] dans une structure faite de bubinga (bois africain). Les motifs noir et blanc des bandes disposées de manière géométrique en font une composition remarquablement énergique. Mais parce que le travail du bois est plat, il ne submerge pas ou ne distrait pas des icônes. Les sculptures et l'incrustation semblent occuper différents mondes visuels, et ils se complètent parfaitement l’un l’autre sans concurrence. Fait intéressant, les conditions d'éclairage à un moment donné soulignent toujours l'un ou l'autre. Les boiseries se voient mieux lorsqu'il est éclairé de face, ce qui laisse la sculpture effacée. La lumière rasante flatte la sculpture, mais rend l'incrustation moins perceptible. Ainsi, comme on tient et tourne le livre, l'incrustation et la sculpture change en permanence d'importance - un effet qui apporte vraiment vie à l‘oeuvre!


Le plus grand défi a été d'installer le livre de sorte que les couvertures puissent se déplacer indépendamment - une nécessité pour que la couverture de bois rigide ne déchire pas le dos du livre lors de l'ouverture. Ainsi, le livre flotte dans des canaux de laiton qui lui permettent de glisser facilement quand les couvertures sont ouvertes. Cela fonctionne très bien, mais c'est une solution compliquée. J'ai récemment rencontré un spécialiste en reliure de livre médiéval qui m'a montré exactement comment les couvertures anciennes étaient faites. Pour mon prochain Évangéliaire, j'ai l'intention de délier le volume et de le coudre directement dans la couverture en bois de manière traditionnelle. Aussi, je voudrais essayer de faire les icônes en buis sculpté ou en argent repoussé de sorte que les couvertures puissent être un peu plus mince et plus légères permettant une conception plus simple et moins coûteuse.



Le travail liturgique d’Andrew Gould et de Jonathan Pageau peut être consulté sur leurs sites web New World Byzantine Studios et Pageau Carvings.

Traduction Nicolas Petit pour Iconophile.

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